Une avicourse qui fait le printemps: deuxième semaine

[claudemu]

On a déjà joué dans ce film; vous le savez, nos participant(e)s ne sont point en quête d’un trophée, d’un prix quelconque. Que nenni. En effet, si romanciers ils étaient, ils n’auraient que faire d’un Pulitzer, qui pourtant normalement aurait eu l’heur de plaire. Ils ne courent et ne concourent pas pour le Goncourt, pas plus que pour un concours hallucinant du style de «La grande année» (le film de David Frankel). Si cinéastes ils étaient, les oscars et les césars ne leur lancent pas des appels de phares. Ils ne vont point à la mythique chasse à la bartavelle, la grise, la rouge et le choukar, comme l’oncle affable de Marcel Pagnol (dans «La gloire de mon père»). Ils n’aspirent pas non plus à ce que pleuvent les oiseaux («Il pleuvait des oiseaux» de Jocelyne Saucier). Mais, pourtant, certains de leurs accomplissements ont des accointances de circonstance avec de telles appétences. Ne tirez pas sur moi, l’oiseau moqueur («To kill a mockingbird» de Harper Lee) car les faits sont là pour le démontrer.

Jean-Marc Emery, cinéaste de la nouvelle vague qui s’ignore (il vient de se joindre au peloton), en plus de ses «quatre cent coups» au COO, a vu le changement de garde chez ses acteurs : tandis que Hedwig le harfang (Harry Potter) et son copain le Jaseur boréal retraitaient vers leurs terres du nord, le Jaseur d’Amérique entre en scène de manière plus assurée (17 avril). Daniel Perrier a entendu un signe et s’est rendu (du côté de chez Swan ?), peut-être à la «Recherche du temps perdu» (Marcel Proust), au hasard des rivages (et de son inspiration, du genre de celle de Jonathan Livingstone le goéland-Richard Bach) où se pointa le Balbuzard pêcheur ! Cybelle a trouvé le Quiscale rouilleux parmi «Les oiseaux de passage» (comme ceux de Christine Gallego et Gino Guerra). D’ailleurs, elle a assisté aux épivardages du Pic maculé, qui n’avait rien à envier à ceux de Woodie le Pic ou aux élucubrations de Woodstock (Schultz). Après des vacances aux Caraïbes, un pirate des marais a regagné souverainement ses terres cette semaine. Non, ce n’est pas Jack Sparrow, mais le Bruant des marais (Edgar, Jean-Serge, Jean-Marc).

Discrètement mais obstinément (comme les acteurs de «La marche de l’empereur»), la Grive solitaire et la Paruline à croupion jaune (14 avril) entreprennent leur route vers leurs quartiers estivaux, comme l’a constaté Daniel Perrier. Un acteur qui se fera de moins en moins discret, comme «Aristide Bruant dans son cabaret», sera certainement le Bruant à gorge blanche, acteur repéré par Jean-Marc. Edgar ne fut jamais à la recherche du «Vilain petit canard» (Hans Christian Andersen), mais ses visites aux champs humides rapportèrent un fieffé Butor d’Amérique (17 avril), prêt à s’onduler avec toutes les quenouilles du plateau de tournage. D’ailleurs, un autre genre de «canard», pas vilain du tout avec ses grands pieds plein la scène, fut admiré par Jean-Serge (4 avril) et Jean-Marc (8 avril); la Foulque d’Amérique. Daniel assista à l’entrée en scène de deux personnages forts en gueule, des prédateurs (Épervier brun et Crécerelle d’Amérique-13 avril), de quoi inquiéter de petits oiseaux à «L’insoutenable légèreté de l’être» (Milan Kundera), comme le Roitelet à couronne rubis (17 avril), recruté par Jean-Marc. Cybelle a eu tout le loisir d’apprécier le Chardonneret jaune, tout comme l’auteur Donna Tartt a eu la passion lente d’écrire «Le chardonneret». Au soleil de face de l’Île Conroy, la coiffe rebelle et les reflets des ailes du Bihoreau gris ont inspiré Jean-Serge (13 avril) et Jean-Marc (17 avril), presqu’autant que Michel Tremblay pour «Un ange cornu avec des ailes de tôle».

Nos auteurs en tous genres ont donc terminé la deuxième semaine de leur stage sur des notes encourageantes. Au 18 avril, Cybelle revendique 17 prises de vue, Jean-Serge 49, Edgar 55, Daniel 59 et Jean-Marc 62. La relève artistique est assurée, les talents foisonnent.

Claude, coordonnateur de la course
Et, accessoirement, jadis chroniqueur à la revue littéraire «Bon sang de Bonsoir» et critique aux «Cahiers du cinéma».

[danielpr]

bravo, la douceur revient, les huards sur le lac me l on chanter